Donald Trump, un climato-sceptique à la tête des Etats-Unis, deuxième plus gros pollueur mondial
- Posted by Inès de Pampelonne
- On 17 novembre 2016
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- climato-sceptique, donald trump, états-unis
Fraîchement élu à la présidence des Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump n’est autre qu’un climato-sceptique confirmé, qui dénigre la menace mondiale que représente le dérèglement climatique, alors même qu’elle figure comme un enjeu planétaire majeur depuis des dizaines d’années, et dont l’urgence ne fait que s’accroître. Un sujet qui fait d’ailleurs, notons-le, le consensus auprès de la communauté scientifique (97 % des scientifiques reconnaissent le réchauffement climatique comme dangereux et directement lié à l’activité humaine – la plupart des 3 % restants sont corrompus).
Ainsi, outre les autres domaines sur lesquels Trump paraît avoir des positions douteuses ou irréfléchies, cette élection semble catastrophique pour l’action climatique aux Etats-Unis, première puissance mondiale (dont il n’est pas nécessaire de souligner l’influence globale) et deuxième plus gros pollueur de la planète (le pays totalise avec la Chine 48 % des émissions de gaz à effet de serre planétaires).
Le nouveau président risque de mettre à mal les politiques environnementales, dans un pays où les initiatives écologiques étaient déjà trop souvent bloquées par l’influence gouvernementale grandissante d’autres climato-sceptiques corrompus (par l’industrie fossile notamment).
Quels sont les risques pour la cause environnementale aux Etats-Unis et à travers le monde ? Comment agir pour contrer le choc ?
L’élection de Trump, un saut vers l’inconnu qui inquiète.
Un climato-scepticisme bien ancré, chez l’homme qui figure désormais comme le plus puissant de la planète
Donald Trump ne croît pas au réchauffement climatique ni en la responsabilité de l’Homme à ce sujet. Pour lui le climat varie comme il l’a toujours fait depuis la nuit des temps : “ça s’appelle la météo” affirme-t-il. Il établit même des théories complotistes pour le moins étonnantes à ce sujet : l’idée du dérèglement climatique serait une arnaque créée pour se faire de l’argent. Plus précisément, les Chinois l’aurait construite de toute pièce afin de “rendre les entreprises américaines moins compétitives” (déclaré sur Fox News il y a un an et sur son propre compte Twitter en 2012).
Sur l’Accord de Paris, Trump s’exclamait en 2015 : “c’est ridicule, nous avons de plus gros problèmes en ce moment. Que le président se déplace pour une longue durée pour parler du réchauffement climatique (…) est insensé !”
Au lendemain de la ratification américaine de cet accord historique d’une importance irréfutable et à l’heure où se déroule la COP22 à Marrakech, l’élection de Donald Trump vient donc faire planer l’inquiétude quant à l’avenir de ces mesures côté étatsunien.
Le déni du Changement Climatique, phénomène apparemment “contagieux”, puisque répandu chez les représentants républicains, néanmoins à contre-courant de l’opinion publique
Les hautes instances législatives outre-Atlantique sont quelque peu gangrenées par le climato-scepticisme de la plupart des républicains.
Ces derniers, qui détiennent la majorité des sièges à la Chambre des Représentants comme au Sénat, sont respectivement plus de la moitié au Congrès (53 %) et une grande majorité au Sénat (70 %) à assumer ouvertement leur déni du Changement Climatique.
Un influence politique non négligeable qui peut largement avoir du poids (et en a d’ailleurs déjà eu) pour évincer ou du moins mettre en dernier plan les projets de loi touchant de près ou de loin à la question environnementale à l’échelle nationale… D’autant qu’à la tête du Comité sur l’environnement au Sénat siège Jim Inhofe, un climato-sceptique convaincu.
Avec le leader de la majorité, le sénateur Mitch McConnell, il souhaite notamment stopper l’action de l’agence de Protection de l’Environnement américaine (EPA), qui consiste à réduire la pollution et les effets dévastateurs du changement climatique… (données et propos rapportés par le Center for American Progress Action Fund, think tank américain progressiste).
Autres exemples de climato-sceptiques influents : Ted Cruz qui était candidat à la dernière primaire républicaine, ou Marc Rubio, sénateur républicain de Floride, état dans lequel se ressent déjà l’impact de la montée des eaux liée au réchauffement climatique…
En outre, les climato-sceptiques républicains ne croient pas au dérèglement climatique, ou peut-être ferment-ils les yeux, aveuglés par les financements alléchants reçus par l’industrie fossile via ses lobbys, afin de contrer la question climatique et faire prospérer ses intérêts (ambivalents à la transition énergétique). Koch Industries, une des plus grandes sociétés privées productrice d’énergies fossiles au monde a par exemple un rôle clé dans ce contrôle par l’argent d’une partie du Congrès et du Comité sur l’environnement au Sénat (source : documentaire “Before the Flood”, octobre 2016).
Toujours est-il que l’influence des républicains dénigrant la question climatique est bien présente, et la présidence de Donald Trump ne risque pas d’arranger les choses sur ce plan, bien au contraire.
Un point positif, le négationnisme du réchauffement de notre planète n’est pas l’affaire de l’opinion publique : selon un sondage national mené en janvier 2015 par la prestigieuse université de Stanford, 67 % des américains seraient favorables à l’action climatique. Ce qui soulève toutefois des questions quant à la valeur de la démocratie américaine, étant donné que bon nombre d’élus fédéraux agissent à rebours de l’opinion nationale en contrant les politiques climatiques… Mais là n’est pas le sujet.
Les conséquences perceptibles du climato-scepticisme de Trump quant à la politique environnementale américaine.
Une politique environnementale à contre-courant de celle d’Obama, le retrait de toute action internationale ainsi que des subventions dédiées aux organisations internes de protection de l’environnement, le développement des énergies fossiles, etc… sont autant de points inquiétants qui ont été annoncés par Trump.
Plus précisément, l’un des objectifs de Trump est d’abord de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat, ratifié par Obama en septembre dernier. Néanmoins, les dispositions de l’accord stipulent qu’à partir du moment où il a été accepté, on ne peut s’en défaire que 4 années plus tard. Juridiquement, rien n’empêche cependant le nouveau président de ne pas appliquer les mesures dudit accord : aucune éventuelle sanction n’a été précisée si cela advient… Le risque d’un effet domino avec la Chine et d’autres pays émergents de ce potentiel retrait politique n’est pas à exclure…
Trump ne s’arrête pas au boycott de l’Accord de Paris : il veut aussi s’écarter de toute politique climatique internationale. En ce sens, il compte “stopper tous les paiements d’impôts aux Etats-Unis dédiés aux programmes de l’ONU relatifs au réchauffement climatique” (selon ses propos tenus en mai dernier durant un meeting dans le Dakota du Nord).
Il vient ainsi “torpiller” les initiatives d’Obama en faveur du climat (Fonds Vert pour le climat, accord sino-américain…), qu’elles soient d’ailleurs prises à l’international comme à l’échelle nationale. Une grande partie de ce qui a été entrepris par l’ancien président pour satisfaire l’objectif de réduction de 28 % des émissions de gaz à effet de serre américaines d’ici 2025 s’avère dans cette mesure être remis en question par Donald Trump.
La suppression des subventions accordées à l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) – volonté notamment partagée avec ses compatriotes Jim Inhofe et Mitch McConnell mentionnés précédemment – est également au programme de Donald Trump.
Du côté des politiques énergétiques, l’augure semble aussi plutôt mauvais. Trump prône l’autosuffisance énergétique américaine… à l’aide du déploiement des énergies fossiles : à savoir la réouverture et le développement des centrales électriques au charbon (première source de pollution du pays) ainsi que des centrales pétrolières, la valorisation du gaz de schiste, ou encore la relance de la construction de l’oléoduc Keystone visant à acheminer le pétrole brut canadien aux États-Unis (un projet très controversé car menaçant pour l’environnement, qui avait d’ailleurs été refusé par Obama en 2015). Trump ne se déclare pas forcément contre les formes d’énergies renouvelables en complément, mais semble n’y croire qu’à moitié : il doute de leur viabilité économique, principal moteur de décision apparemment.
Excepté une acceptation des énergies renouvelables, il n’existe pas une once de projet qui pourrait limiter le réchauffement climatique, au contraire, toute sa politique paraît favoriser le phénomène…
Bien qu’il soit climato-sceptique, Trump aime à redire qu’il croît en une eau et un air propres. En favorisant le développement de l’industrie fossile, il paraît bien compliqué d’y parvenir…
Une lueur d’espoir dans ce sombre tableau ?
Au sein de ce constat plus ou moins alarmant, si la situation semble résolument encombrée à la tête de l’état, et que l’on ne peut rien oser espérer – ou presque – de Trump en matière de protection de l’environnement, il faudra plus que jamais compter sur les initiatives individuelles et collectives de la population et des associations, ainsi que sur les actions locales, pour faire pression, agir, innover en faveur de la lutte contre le changement climatique.
Il ne faut pas oublier que l’Etat fédéral américain est par nature très contrasté, et qu’aux côtés des états pétroliers figurent d’autres états ou villes aux actions écologiques plus que louables, qui ne peuvent pas toutes être bloquées par le gouvernement. C’est par exemple le cas des villes de New York ou Seattle, mais aussi de Denver et de la Californie : un leader mondial en matière d’économie verte (innovations durables) et de transition énergétique, etc. Le secteur privé n’est pas en reste non plus en matière d’écologie : bon nombre d’activités émergent ou s’adaptent autour de cette cause (mobilité, énergie etc.). Tous ces acteurs publics et privés peuvent faire basculer la balance du côté de la lutte contre le dérèglement climatique.
Par ailleurs, des progressistes comme Bernie Sanders se disent disposés à travailler avec Trump “pour améliorer la vie des travailleurs”. Sanders a ajouté : “s’il entend mener des politiques contre l’environnement, nous nous opposerons vigoureusement à lui” (d’après Europe 1). Le futur entourage de Trump, la pression politique et celle de l’opinion publique en majorité favorable à la lutte contre le changement climatique peuvent également compter…
A la COP22, l’élection de Trump préoccupe les écologistes mais ne les décourage pas pour autant.
Patricia Espinosa, responsable climat de l’ONU, a même déclaré le 7 novembre dernier avoir “hâte de collaborer avec son administration afin de faire avancer l’agenda climatique pour le bénéfice des peuples du monde”. Bien que le combat s’annonce rude, Donald Trump débarque donc dans un contexte de prise de conscience et d’initiatives climatiques généralisées, qui peuvent freiner l’affront qu’il souhaite faire à cette cause.
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